mercredi 4 janvier 2012









Le ‘’bouton d’or couture’’ au service de la formation des femmes à Mouila.











Dans une ville qui souffre d’une insuffisance d’infrastructures de formation professionnelle et dont le taux d’abandons scolaires va croissant, une femme a décidé de mettre son savoir-faire au service de ceux qui désir apprendre un métier. Passionnée de couture, elle a en plus de son atelier, ouvert un petit centre de formation où elle fait bénéficier de son expérience à d’autres femmes, des jeunes filles sorties du circuit scolaire pour la plupart.





Il est à peine 7 heures. Le silence qui prévaut depuis l’aube au marché municipal de Mouila est peu à peu troublé par les vrombissements et klaxons des véhicules qui viennent déposer les commerçants à leur lieu de travail. Sur la terrasse du bâtiment qui jouxte la gare routière du marché, une dame, la trentaine révolue, ouvre la porte de son atelier de couture. Mme Foudjem, de son patronyme, ressasse ce geste tous les matins à la même heure depuis 2003, année de création de sa structure dénommée le ‘’bouton d’or couture’’. « Je me lève chaque jour de bonne heure .Après avoir fait le ménage chez moi et préparer le petit déjeuner à mon époux, je me dirige aussitôt vers mon atelier. C’est là que je passe le plus clair de mon temps », Confie-t-elle.


Devant l’atelier, sont ostensiblement exposés des robes de mariages, des costumes et autres tailleurs. La multitude de vêtements destinés à la vente et délicatement disposés à l’intérieur de l’atelier renseigne on ne peut plus sur le volume de travail exécuté au sein de l’atelier. « Je suis très sollicité ici à Mouila et même au-delà, surtout pour la confection de costumes et de tenues mortuaires. Il m’arrive d’être débordée de travail », affirme-t-elle, assise derrière sa machine à coudre, une paire de ciseaux dans une main et un tissu en soie dans l’autre.


Il est bientôt 9 heures et Mme Foudjem suspend pour un court moment le travail qu’elle exécute depuis près d’une heure sur un tissu, qui visiblement prend la forme d’une robe. Elle sort de l’atelier, se dirige vers le box attenant et ouvre la porte de ce qui tient lieu de salle de cours : outre la vente des modèles qu’elle crée, elle forme également des femmes, au métier de la couture. Elles sont jeunes mères pour la plupart. C’est le principal mobil pour lequel les cours commencent dès 9 heures dans ce petit « centre de formation », de manière à ce que les jeunes mamans aient le temps de déposer leurs enfants à l’école.


« En dépit du fait que je sois de nationalité camerounaise, j’ai eu envie de faire quelque chose de louable pour le Gabon. C’est ainsi que j’ai choisi d’apprendre la couture aux femmes, aux jeunes filles déscolarisées en particulier, car je milite également pour l’autonomisation des femmes.je fait un peu dans le social. C’est pourquoi je ne demande que 20 000 FCFA par mois pour cette formation qui dure deux ans », lance Mme Foudjem debout, devant l’entrée de la salle de cours, répondant de temps en temps aux salutations de ses élèves, qui progressivement prennent place dans la classe.


Ce matin, elles sont à peine cinq à avoir répondu présentes sur la huitaine d’apprenants que compte le centre. Mme Foudjem peut débuter son cours. Aujourd’hui, l’enseignement porte sur la confection d’un boubou. Débout devant son auditoire, le tableau en arrière plan, c’est d’une voix suave et avec une assurance certaine qu’elle explique aux élèves les schémas dessinés sur le tableau. « C’est une femme assez rigoureuse dans le travail. Elle enseigne avec beaucoup de professionnalisme, c’est une vraie passionnée de couture. Ce qui nous facilite l’apprentissage du métier », confie Prudence Matsona, l’une des apprenants, qui du reste caresse le rêve de devenir grande couturière.


Pour en arriver là, Mme Foudjem a connu des hauts et des bas. Son plus mauvais souvenir reste l’incendie qui avait ravagé le marché municipal de Mouila en 2010, réduisant par la même occasion en cendre son atelier. Un évènement malheureux dont elle a eu du mal à se remettre. Mais aujourd’hui cette page sombre semble avoir été tournée. « Cela appartient au passé désormais.je désire avancer et je veux me donner les moyens d’y parvenir. J’ai de grands défis à relever, parmi lesquels celui de décerner à mes élèves à la fin de leur formation des diplômes reconnus par l’Etat. Des démarches dans ce sens sont en ce moment entreprises avec le ministère en charge de la formation professionnelle. J’espère une issue favorable à ce projet», confie-t-elle alors qu’elle vient juste de boucler son cours pour cette journée. Il est 13 heures, l’heure de regagner son atelier où l’attendent déjà quelques clients pour le retrait de vêtements ou pour passer des commandes. Sa journée de travail ne s’arrêtera véritablement qu’au moment de la fermeture du marché à 19 heure.

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