mardi 31 janvier 2012

CAN/ECONOMIE





Les prix prennent l’ascenseur de la CAN














La coupe d’Afrique des Nations que le Gabon abrite, est un évènement qui, à n’en point douter stimulera, ne serait-ce que le temps de sa durée, plusieurs secteurs de l’économie, même ceux considérés comme informels. Mais cela visiblement ne se fera pas sans contrecoups car la hausse des prix de certains produits enregistrée depuis le début de la compétition apparait comme le prix à payer.



Nombreux sont les librevillois qui se plaignent de l’envolée des prix de certains produits constatée depuis le début de la coupe d’Afrique des nations sur les différents marchés de la capitale. Du marché de N’kembo à celui du PK8 via Mont-Bouet les témoignages se ressembles : La grand-messe du football africain que notre pays abrite créerait un climat propice à la spéculation sur les prix de certaines denrées alimentaire en l’occurrence. « Il y a deux semaines à peine j’ai acheté un carton de poulet à 9 000 FCFA, je suis surprise de constater aujourd’hui qu’il coute au même endroit 12 000 FCFA.C’est la CAN qui favorise tout cela. Tout le monde veut en tirer profit », lance, écœurée, Elisabeth Tsame, venue effectuer ses emplettes au marché municipal de Nkembo.


Ce qu’il y a lieu de qualifier ici d’inflation est une situation qui apparemment n’épargne aucun secteur d’activité chez les commerçants. Des grossistes aux plus petits revendeurs, la tendance se généralise. « Avant le début de la CAN j’achetais mon kilogramme de viande à 2300 FCFA, mais aujourd’hui il faut que je prévoie au moins 3000 FCFA pour la même quantité de viande. Et comme je suis tenancier d’une petite cafétéria je ne peux plus me permettre de vendre un plat de viande au même prix que d’ordinaire. Mais malheureusement les clients ont du mal à me comprendre. Si je continue à vendre au même prix c’est la faillite assurée pour moi. C’est ainsi que le plat de riz-viande par exemple est passé de 900 à 1000 FCFA, je n’y peu rien », témoigne Moussa Diakité, au marché du PK8.

Si la hausse des prix gagne progressivement du terrain à Libreville à la faveur de cette coupe d’Afrique des Nations, un secteur en particulier enregistre une envolée de prix beaucoup plus vertigineuse : la vente des gadgets liés à l’évènement. Il est bien loin le temps où l’on pouvait acheter un maillot des Panthères du Gabon à 3500 FCFA .il faut quasiment avoir le triple de cette somme pour se le procurer aujourd’hui. « Le jour du match Gabo-Niger j’ai dû faire le tour des marchés pour chercher un maillot de l’équipe nationale du Gabon. En plus du fait qu’ils étaient rares ce jour-là, ils coutaient excessivement chers. On m’a demandé jusqu’à 12000 FCFA pour un seul maillot. A ce prix là, je ne pouvais me permettre de l’acheter. J’ai donc dû me résigner à allez au stade sans », confie Yanick Mangaboula , fervent supporter des Panthères du Gabon.


Les vendeurs de gadgets et autres accessoires en rapport avec la CAN au demeurant ne cachent pas leur désir de faire de gros profits durant la période que durera la compétition. Conscients de la très forte demande à laquelle ils doivent satisfaire, Ils font dorénavant quasiment tous dans la surenchère. « La coupe d’Afrique des Nations est un évènement qui doit rapporter de l’argent aux pays qui l’organisent. Pour le cas du Gabon tout le monde doit en profiter, de l’Etat jusqu’au plus petit commerçant. Un évènement de cette envergure ne s’organise pas tout le temps, alors laissez-nous en profiter. C’est juste pour un temps, après la CAN ces gadgets ne vaudront plus rien », lance Eric Ekoto, vendeur de gadgets à l’ancienne gare routière de Libreville.


Depuis le week end, l’on note également une légère pénurie de pain en certain point de la capitale. Cela s’expliquerait semble t-il par l’accroissement de la population librevilloise du fait de la CAN. L’on constate aussi une augmentation considérable du prix des chambres dans certains hôtels et motels de la place. Toutes choses qui, si elle cause quelques soucis financiers à ceux qui sollicitent c’est établissements, devraient permettre à leurs tenanciers de réaliser de bon chiffres d’affaires.

mercredi 4 janvier 2012









Le ‘’bouton d’or couture’’ au service de la formation des femmes à Mouila.











Dans une ville qui souffre d’une insuffisance d’infrastructures de formation professionnelle et dont le taux d’abandons scolaires va croissant, une femme a décidé de mettre son savoir-faire au service de ceux qui désir apprendre un métier. Passionnée de couture, elle a en plus de son atelier, ouvert un petit centre de formation où elle fait bénéficier de son expérience à d’autres femmes, des jeunes filles sorties du circuit scolaire pour la plupart.





Il est à peine 7 heures. Le silence qui prévaut depuis l’aube au marché municipal de Mouila est peu à peu troublé par les vrombissements et klaxons des véhicules qui viennent déposer les commerçants à leur lieu de travail. Sur la terrasse du bâtiment qui jouxte la gare routière du marché, une dame, la trentaine révolue, ouvre la porte de son atelier de couture. Mme Foudjem, de son patronyme, ressasse ce geste tous les matins à la même heure depuis 2003, année de création de sa structure dénommée le ‘’bouton d’or couture’’. « Je me lève chaque jour de bonne heure .Après avoir fait le ménage chez moi et préparer le petit déjeuner à mon époux, je me dirige aussitôt vers mon atelier. C’est là que je passe le plus clair de mon temps », Confie-t-elle.


Devant l’atelier, sont ostensiblement exposés des robes de mariages, des costumes et autres tailleurs. La multitude de vêtements destinés à la vente et délicatement disposés à l’intérieur de l’atelier renseigne on ne peut plus sur le volume de travail exécuté au sein de l’atelier. « Je suis très sollicité ici à Mouila et même au-delà, surtout pour la confection de costumes et de tenues mortuaires. Il m’arrive d’être débordée de travail », affirme-t-elle, assise derrière sa machine à coudre, une paire de ciseaux dans une main et un tissu en soie dans l’autre.


Il est bientôt 9 heures et Mme Foudjem suspend pour un court moment le travail qu’elle exécute depuis près d’une heure sur un tissu, qui visiblement prend la forme d’une robe. Elle sort de l’atelier, se dirige vers le box attenant et ouvre la porte de ce qui tient lieu de salle de cours : outre la vente des modèles qu’elle crée, elle forme également des femmes, au métier de la couture. Elles sont jeunes mères pour la plupart. C’est le principal mobil pour lequel les cours commencent dès 9 heures dans ce petit « centre de formation », de manière à ce que les jeunes mamans aient le temps de déposer leurs enfants à l’école.


« En dépit du fait que je sois de nationalité camerounaise, j’ai eu envie de faire quelque chose de louable pour le Gabon. C’est ainsi que j’ai choisi d’apprendre la couture aux femmes, aux jeunes filles déscolarisées en particulier, car je milite également pour l’autonomisation des femmes.je fait un peu dans le social. C’est pourquoi je ne demande que 20 000 FCFA par mois pour cette formation qui dure deux ans », lance Mme Foudjem debout, devant l’entrée de la salle de cours, répondant de temps en temps aux salutations de ses élèves, qui progressivement prennent place dans la classe.


Ce matin, elles sont à peine cinq à avoir répondu présentes sur la huitaine d’apprenants que compte le centre. Mme Foudjem peut débuter son cours. Aujourd’hui, l’enseignement porte sur la confection d’un boubou. Débout devant son auditoire, le tableau en arrière plan, c’est d’une voix suave et avec une assurance certaine qu’elle explique aux élèves les schémas dessinés sur le tableau. « C’est une femme assez rigoureuse dans le travail. Elle enseigne avec beaucoup de professionnalisme, c’est une vraie passionnée de couture. Ce qui nous facilite l’apprentissage du métier », confie Prudence Matsona, l’une des apprenants, qui du reste caresse le rêve de devenir grande couturière.


Pour en arriver là, Mme Foudjem a connu des hauts et des bas. Son plus mauvais souvenir reste l’incendie qui avait ravagé le marché municipal de Mouila en 2010, réduisant par la même occasion en cendre son atelier. Un évènement malheureux dont elle a eu du mal à se remettre. Mais aujourd’hui cette page sombre semble avoir été tournée. « Cela appartient au passé désormais.je désire avancer et je veux me donner les moyens d’y parvenir. J’ai de grands défis à relever, parmi lesquels celui de décerner à mes élèves à la fin de leur formation des diplômes reconnus par l’Etat. Des démarches dans ce sens sont en ce moment entreprises avec le ministère en charge de la formation professionnelle. J’espère une issue favorable à ce projet», confie-t-elle alors qu’elle vient juste de boucler son cours pour cette journée. Il est 13 heures, l’heure de regagner son atelier où l’attendent déjà quelques clients pour le retrait de vêtements ou pour passer des commandes. Sa journée de travail ne s’arrêtera véritablement qu’au moment de la fermeture du marché à 19 heure.